Référence complète :
Marjolaine Poirier, Imaginer Québec au XVIIIe siècle. L’illusion du lieu et les vues d’optique des graveurs allemands, Québec, Codicille éditeur (collection « Prégnance »), 2018, https://doi.org/10.34847/nkl.9e9966nu
ISBN : 978-2-924446-13-3
ISBN pdf : 978-2-924446-14-0
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En pleine Révolution américaine (1775-1783), des images étonnantes de Québec circulent un peu partout en Europe. Publiées par un éditeur d’Augsbourg, cité impériale du Saint-Empire romain germanique, ces représentations sont ornées de bâtiments à l’architecture baroque ou rococo typiques du sud de l’Allemagne, de peaux de castor et d’Autochtones habillés à la bavaroise.
Non pas de simples gravures, ces images souvent colorées sont des vues d’optique. Elles sont faites pour éblouir et, une fois placées dans un instrument, donner une impression de trois dimensions. Elles doivent aussi retenir notre attention parce qu’elles font partie des très rares œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles qui ne reproduisent pas les modèles mis en place par les artisans français ou britanniques pour décrire Québec. Elles ont plutôt été créées par deux graveurs allemands, Franz Xaver Habermann et Balthasar Frederic Leizelt, qui n’ont jamais mis les pieds en Amérique, encore moins dans l’ancienne capitale de la Nouvelle-France.
De quoi ces artistes se sont-ils donc inspirés pour produire leur vision de la ville ? D’effets d’optique recherchés ? Des connaissances fragmentaires disponibles à propos de cette colonie française alors récemment tombée aux mains des Britanniques ? Des lettres des mercenaires allemands envoyés pour combattre les révolutionnaires américains ? C’est à une enquête sur l’origine et la réception de ces représentations que se prête ce livre, enquête qui nous mènera des ateliers de gravure bavarois jusqu’aux foires et aux rues achalandées du Vieux Continent, en passant par les salons des bien nantis.
Marjolaine Poirier est étudiante au doctorat en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal. Entre culture visuelle, géographie et technique, ses recherches s’intéressent à la relation entre l’imaginaire des lieux et les dispositifs technologiques visant à créer une impression de trois dimensions. Réalisé à l’Université de Montréal, son mémoire de maîtrise étudiait les vues d’optique représentant Québec au XVIIIe siècle. Ses travaux actuels portent sur les vues stéréoscopiques de Montréal et de Québec créées entre 1850 et 1885.